Un socle naturel d’exception

Un socle paysager d’exception organisé autour d’un relief puissant et singulier

Le Grand Site de la Conca d’Oru, vignoble de Patrimonio – golfe de Saint-Florent s’organise autour de deux entités paysagères distinctes et complémentaires : la vallée de la Conca d’Oru et le golfe de Saint-Florent. La dorsale calcaire du Mont Sant’Angelo (354 mètres) animée par ses six vagues forme le point de jonction du dialogue terre – mer. Elle constitue le relief emblématique du Grand Site.

La vallée de la Conca d’Oru forme la partie Est du Grand Site. Elle va jusqu’à exprimer « la forme d’une coquille », celle d’un coquillage marin. Cette dépression d’orientation Nord-Sud est parcourue par un réseau hydrographique dense qui ouvre des passes étroites à l’Ouest en direction du littoral et du golfe de Saint-Florent. Elle est animée d’un chapelet de villages bâtis sur les pentes, à la fois dans un réflexe défensif et agraire. Une mosaïque agricole organise le coeur de la conque, finement dessinée par la géométrie des parcelles et des rangs de vignes qui remontent jusque sur les premières pentes.

Une série de lignes de crêtes limite la partie terrestre du territoire :

  • à l’Est, la plus haute ligne de crête, schisteuse et granitique allant du Monte a Torra jusqu’à la Serra di Pigno (958 mètres) en passant par le col de Teghime ;
  • au Sud, un chapelet de petites collines fait la jonction entre ces lignes marquantes du grand paysage.

Les crêtes calcaires qui animent le coeur du Grand Site sont une composante forte et remarquable du paysage. Bien visibles depuis l’Est, les six collines successives se détachent à l’échelle du grand paysage par leur forme arrondie, leur position dominante et leur blancheur. Elles couronnent le site et constituent sa signature visuelle. Ce relief emblématique marque fortement le paysage par son empreinte et participe à son identité minérale. Les blocs inclinés des formations calcaires ont créé un paysage unique en Corse. Les reliefs riches en fossiles sont creusés de nombreuses grottes qui, outre leur importance sur le plan du patrimoine paléontologique, abritent plusieurs espèces de chauves-souris rares et protégées. La végétation basse et sèche de garrigue méditerranéenne qui tapisse les pentes est également protégée au titre de Natura 2000.

Le golfe de Saint-Florent est à la jonction de la façade Nord de l’île, de la Balagne, de l’Agriate, et de la côte Ouest du Cap Corse. Sa forme d’amphithéâtre tourné vers la mer est dessinée par un littoral, trait d’union de la terre et de l’eau qui converge en une perspective formée par la citadelle de Saint-Florent en premier plan de la Conca d’Oru.

Le substratum géologique est composé de trois ensembles :

  • à l’Ouest, les formations calcaires (de l’ère tertiaire), qui font le caractère exceptionnel du paysage,
  • au centre, les formations sédimentaires du Nebbio, déplacées sous l’effet d’un processus tectonique, qui animent la plaine d’un patchwork de sols colorés,
  • à l’Est, des schistes lustrés sur les parties supérieures des crêtes, soulignés à mi-pente par des granites sur lesquels se retrouvent notamment les zones boisées sur le versant du Nebbio.

Cette richesse géologique liée à une grande variété pétrographique est renforcée par la présence de gisements coralligènes qui traduisent l’histoire très ancienne de la mer avec la terre.

Un patchwork de sols colorés

La diversité géologique génère des formations pédologiques complexes, dotées de nombreux types de sols, pour la plupart argilo-calcaires à l’Ouest, schisteux et caillouteux à l’Est. On trouve ainsi plusieurs couleurs de sols sur le territoire. Si le blanc-ocre domine les reliefs, la terre labourée ou peignée par les rangs de vignes met en évidence un patchwork de teintes blanches, brunes ou rouges.  La mosaïque colorée des reliefs et substrats participe à la richesse du paysage qui se retrouve jusque dans le bâti traditionnel réalisé à partir de matériaux locaux. S’opère alors dans le paysage un mimétisme harmonieux du bâti et du sol.

Une hydrographie intermittente au réseau dense

Un réseau hydrographique dense parcourt un certain nombre de vallées étroites, peu profondes et perpendiculaires au littoral. Ces vallées ouvrent des entailles en direction de la mer. Ces défilés sont les exutoires des ruisseaux qui sillonnent latéralement le site. Ces ruisseaux prennent naissance sur les pentes Est pour converger rapidement et former trois passes distinctes pour atteindre le littoral : stretti di Poggio, défilé de la Strutta et pont Albino. Leurs parcours se devinent par endroits dans le paysage par la végétation qui les accompagne (ex. Fium Albino).

Une mixité des structures végétales

Au pied des falaises et des escarpements rocheux, le maquis domine. Cette végétation basse arborée méditerranéenne xérophile et sempervirente ceinture la conque. Elle forme une couverture dense et continue, souvent impénétrable. Le maquis habille les pentes les plus abruptes et compose par endroits avec les vignes qui le gagnent. Le maquis crée une certaine continuité dans le paysage par rapport au changement du feuillage de la vigne qui rythme les saisons. Les pelouses constituent des milieux ouverts présents sur les pentes des reliefs. Elles sont généralement composées de graminées et de plantes annuelles avec parfois de nombreuses stations d’orchidées remarquables qui ont amené à protéger ces milieux sensibles au titre de Natura 2000 (cas notamment de la zone Natura 2000 des Strette de Saint-Florent situé au coeur du Grand Site). Ces pelouses présentent une grande diversité floristique et faunistique remise en cause par l’abandon du pastoralisme qui entraîne une fermeture de ces milieux. Au sein du Grand Site, les zones boisées restent ponctuelles et circonscrites. Elles sont présentes sur les soubassements des granites au sud-ouest du site et sont principalement composées de chênes, notamment des chênes lièges anciennement cultivés aux côtés d’oliveraies. Les sujets discrets à l’échelle du grand paysage s’imposent au regard par leurs ports majestueux. Les chênes comme les oliviers
renforcent les verts immuables du paysage du site. Un certain nombre d’arbres isolés d’assez grande envergure anime le paysage du Grand Site. Ces arbres fonctionnent comme des repères. Alignés ou isolés, ils bornent des chemins, ponctuent le vignoble, agrémentent une « casetta », soulignent les ruisseaux ou accompagnent les constructions. Chênes, oliviers, figuiers, eucalyptus… composent finement avec le paysage. Les arbres donnent du rythme, une échelle, une odeur et participent à la riche biodiversité du site.

Un dialogue Terre – Mer, union du grand paysage

Le dialogue Terre – Mer est présent dans chaque panorama offert par le relief du Grand Site. Le golfe de Saint-Florent et la conque se répondent dans une réciprocité permanente de bleu et de vert, de roche et d’eau, d’horizontalité et de verticalité. Par la fenêtre littoral du Grand Site, les parties terrestre et maritime se rejoignent avec singularité. L’union de ces deux milieux forme des paysages uniques, attractifs et majoritairement préservés. D’Ouest en Est, le littoral du golfe de Saint-Florent fonctionne en vis-à-vis entre les falaises de schistes du Capi Corsu et les reliefs granitiques de l’Agriate. Les plages comme la citadelle et la vieille ville de Saint-Florent forment un point focal, repère du grand paysage.