Un paysage structuré par la viticulture

Une empreinte viticole signature du paysage

Si la singularité du relief apporte une forte valeur ajoutée au paysage, le vignoble, qui s’étend sur 500 ha, lui donne sa signature. Le vignoble prend place dans un jeu de courbes et de pentes au coeur de la Conca d’Oru. Les parcelles de vignes animent la géométrie du paysage du Grand Site. Elles structurent les pentes, soulignent les courbes du relief, ouvrent les vues. Positionné au coeur de la conque, le vignoble marque le paysage. Il en est sa mosaïque.
À l’échelle du grand paysage, la linéarité des parcelles de vignes alterne avec la densité végétale du maquis, des pâtures ou des friches. À l’échelle de la parcelle, le palissage des rangs de vignes assoit les perspectives et renforce le caractère remarquable du paysage, notamment quand les vignes se positionnent au premier plan du Mont Sant’Angelo.
La vigne dialogue en permanence avec les composantes végétales présentes dans le site. Les bois et bosquets, le maquis et les friches, les arbres, ponctuent le vignoble et donnent au paysage toute sa diversité. Dans ce couvert végétal le plus souvent continu, la vigne participe à l’ouverture du paysage devenant ainsi un moyen efficace de limiter la progression des incendies. La végétation, spontanée ou d’accompagnement des parcelles de vignes comme des domaines, rythme le vignoble, souligne le parcellaire, marque un domaine ou la présence d’un pailler. Cette mixité végétale du vignoble, riche en biodiversité, est une réelle plus value pour le paysage et le patrimoine viticole.

Des bâtiments d’exploitation, caves et domaines qui animent le paysage

Le bâti viticole témoigne des différentes formes de viticulture présentes sur le territoire. Il traduit l’histoire de la filière et sa dynamique.
À l’échelle du Grand Site, seules les caves particulières assurent la production et la commercialisation des vins. Elles restent relativement discrètes dans le paysage, majoritairement concentrées au sein du village de Patrimonio, le long de la RD81 qui relie Bastia à Saint-Florent. Les caves sont le plus souvent attenantes à une maison d’habitation présente de longue date dans le village. Elles témoignent de l’histoire agraire des lieux.

Un patrimoine rural bâti, murets, « casette », paillers, témoin de l’histoire
agraire du paysage

Ponctuellement présents au milieu des parcelles de vignes, de pâtures ou de friches, les paillers et « Casette ou Paghliaghju » sont des petites constructions en pierres qui témoignent de l’histoire de l’esprit des lieux. Par leur situation, leurs implantations, leurs formes, leurs volumes et leurs matériaux, ces cabanons sont discrets dans le paysage. La toiture végétalisée caractéristique des paillers renforce le mimétisme de ces constructions dans le paysage.
Les murets de pierre sèche s’observent ponctuellement au sein du parcellaire en place. Ils constituent l’architecture d’anciennes pâtures aujourd’hui peu exploitées ou nouvellement utilisées pour de l’hébergement de plein-air. Ces linéaires de pierres se découvrent sur certaines pentes dégagées de la végétation suite à l’incendie. Ces constructions participent à la dimension patrimoniale du paysage. Elles sont les témoins d’une histoire ancienne où l’agriculture a toujours été présente.

Des liens vins – mer anciens avec une activité portuaire historique pour la viticulture

Du XI au XIIe siècle, durant le temps de la pax pisana, le littoral est sécurisé et les Corses quittent les hauteurs pour occuper et mettre la plaine en culture. Des ports sont ouverts, la liberté du commerce est rétablie. C’est une période de prospérité, où la religion occupe une place importante. Les moines Franciscains fondent au début du XIIe siècle le couvent Saint François à Oletta. Ils joueront un rôle majeur dans la mise en valeur agricole et viticole de la Conca d’Oru.
Sous l’ère génoise du XVe au XVIIIe siècle, les vins du Nebbio et de la Conca d’Oru occupent une place de choix. Une règlementation et une organisation des cultures sont mises en place, notamment pour la viticulture. À cette époque, les vins sont embarqués sur des voiliers à Saint-Florent et font le tour du Cap Corse pour être débarqués à Erbalunga, petit port pittoresque situé sur le versant Est à proximité de Bastia. Dégustés, s’ils avaient supporté l’épreuve de la mer, ils pouvaient être exportés à Gênes ou à Rome, sous l’Appellation « Vini navigati ». Les vins sucrés (Muscat) étaient particulièrement appréciés à l’époque génoise. Il est donc établi que le commerce des vins a contribué très tôt et pendant longtemps, à la création d’un lien fort entre la Conca d’Oru et le golfe de Saint-Florent, au mariage de la terre et de la mer qui fait la singularité du paysage du Grand Site.