Au pied du Cap Corse, la Commune de Farinole s’étend sur 14,7 km2. Sur la ligne de crêtes on trouve les Monte San Leonardo et San Jacintu (1082 mètres d’altitude). C’est un territoire de moyenne montagne, avec une zone de coteaux assez abrupts recouverts de maquis et sillonnés de cours d’eaux. La commune possède une large façade maritime donnant sur le Golfe de Saint Florent. Les 3 hameaux principaux (Bracolacce, Poggio et Sparagaggio) sont situés en coteaux, à une altitude d’environ 200 mètres. Deux vignobles faisant partie de l’AOC Patrimonio se trouvent au sud du territoire de Farinole.
Farinole
Feringule
Un peu d’histoire
Il s’agissait d’une pieve à part entière dès le 16e siècle avec à cette époque 12 hameaux (Stantelli, Marianda, San Damiano, Sparagaggio, Bracolaccia, Costa, Poggio, Selmaccie, Vagiola, Accia, Sovertina, Canneto). Celui de Marianda est détruit par les barbaresques à la fin du 16e siècle.
On y trouvait des activités de pêche, la production de soie vendue jusqu’à Gênes ainsi que du très bon vin. Selon la tradition orale, celui-ci aurait été servi jusqu’à la table du Pape. En effet, les moines franciscains (environ une vingtaine) cultivèrent la vigne.
Une activité minière apparait dès le 16e siècle avec plusieurs sites d’extraction. Les mines (A Ferrera) ont été exploitées jusqu’au 19e siècle.
La commune avait aussi une activité agricole importante. Les Oliviers, le Cédrat, les figuiers ainsi que le commerce du Charbon sont à noter. Dès la période génoise, les farinolais cultivaient des terres dans les Agriates (territoire de Saleccia). Ils y accédaient en traversant le golfe de Saint Florent. La voie maritime était aussi très utilisée pour le commerce (céréales…) notamment avec la Balagne. Toutes ces denrées passaient par la Marine de Farinole.
La tour y joua un rôle important de vigilance. Non loin se trouvait un chantier naval (u scalu vechju) en pleine activité à l’époque de Pasquale Paoli. Le 15 et 16 novembre 1793 eut lieu la « bataille de Farinole » qui opposa les troupes paolistes et les républicains conduit par Lacombe-Saint-Michel. Les républicains gagnèrent rapidement cette bataille. Le couvent de Marianda fut détruit à cette occasion ainsi qu’une partie des hameaux en guise de représailles. A la fin du 19e siècle, la commune n’échappe pas à l’exode de population massive vers les Amériques. Quelques fortunes se créent (Cesari…). Au leur retour, ces exilés devenus riches construisent des maisons ainsi que des chapelles funéraires monumentales constituant ainsi un nouvel élément du patrimoine de la commune.
À voir
A FERRERA (mine de magnétite)
15e et 17e siècle
C’est sur le territoire de FARINOLE que se situe A FERRERA (mine de magnétite) qui a été exploitée avec la mine d’Olmeta di Capi Corsu du XV ème au XVII ème siècle. Le minerai, de bonne qualité, était utilisé dans les forges de Vescovato, Negro et Rutali, mais le coût d’exploitation très élevé et la concurrence du fer de l’Ile d’Elbe ont fait décliner au cours des siècles l’intérêt pour cette mine.
La galerie génoise a été creusée au feu puis en utilisant la poudre noire (1623). Les parois des galeries sont tellement lisses et compactes qu’on pourrait penser qu’elles viennent d’être lavées. Le sol est tellement propre qu’on peut assurer qu’il n’est pas tombé un caillou depuis des siècles. Du 8 juin au 5 décembre 1626, le livre de dépenses de Romano FARINOLE nous apprend que la mine a produit 1060 quintaux de fer. Le site de la FERRERA a été réexploité au XIX ème siècle (1849 à 1862) puis abandonné malgré quelques essais de reprise ultérieure de 1926 à 1929 sans succès.
Le 27 juin 1849, la mine a été concédée à Monsieur Regnacq sur 1075 ha. En 1853, 3 à 400 tonnes ont été extraites de la mine. Elle est accessible par un sentier partant de la Fontaine Vieille de BRACCULACCIA, il reste quelques vestiges de rails, un treuil à main et une poudrière. Cet ouvrage spectaculaire dans un cadre paysager grandiose a un très grand intérêt patrimonial, géologique, archéologique et pédagogique.
Des expériences pédagogiques avec un aimant et une boussole sont très instructives pour les juniors. La commune de RIO NELL’ELBA (ILE D’ELBE) a contacté la Mairie de Farinole pour réaliser un jumelage pour leur passé minier.
Chapelle funéraire de la famille Cesari
1892
L’édifice, situé sur la route qui part du hameau de Bracolacce et va jusqu’à la Marine de Farinole, est visible de loin.
La famille Cesari était une des plus importantes du village. Elle possédait beaucoup de maisons du village ainsi que de nombreuses terres dans les Agriates (les terres des Agriates étaient cultivées en blé par les farinolais, ils ramenaient les récoltes par bateau jusqu’à la Marine). La famille Cesari s’est aussi enrichie aux Amériques à la fin du 19e siècle. C’est probablement à leur retour qu’ils ont fait construire la maison et la chapelle funéraire.
Couvent des franciscains Saint-François de Marianda
1606
L’édifice se trouve au-dessus de la route reliant Patrimonio à Farinole. Il n’en reste que les ruines, une partie de la façade s’est écroulée en février 2013.
L’église est de plan allongé à chevet plat et comporte une nef principale et 7 chapelles latérales. Sur ce site se trouvait le village de Marianda incendié et détruit par les barbaresques à la fin de 16e siècle. Des actes notariés (ceppi) de 1611 mentionnent les dons des habitants de Farinole, Patrimonio et Barbaggio pour la construction du couvent.
L’autel, le tabernacle, le bénitier (actuellement à l’église de Patrimonio) et d’autres pièces ont été construit en 1709 par un maître-marbrier (Giovanni Faziglia) en marbre qui se trouve à la plage de Saint Florent.
Le couvent compta jusqu’à 20 moines qui exploitaient des vignes et des jardins. La tradition locale dit qu’on trouvait ce vin à la table du Pape. Le couvent est en partie détruit à la Révolution et abandonné, ses biens sont vendus et dispersés le 8 février 1792.
Eglise paroissiale Saint-Côme et Saint-Damien
1655 puis 1891
L’église Saint-Côme et Saint-Damien est située sur une crête en dessous du hameau de Bracollacce. Elle présente un plan allongé à chevet à fond plat et comporte une nef centrale et six chapelles latérales. On y trouve une très belle statue de la Vierge et de pénitents (ou donateurs). Celle-ci porte la date de 1490, elle provient d’une église médiévale qui était sur le même site ou à proximité.
Rucher de Farinole
18e siècle
Il semble appartenir à un ensemble artisanal qui comprend aussi le moulin (Mulino Sottano).
L’édifice est de plan allongé. On y entre par une porte surmontée par un linteau bois. Les élévations sont percées de multiples petites ouvertures surmontant de petites dalles qui sont les pistes d’envol des abeilles. Les ouvertures sont les entrées des ruchers. A l’intérieur, on voit de nombreuses niches placards servant de ruchers.
Four à chaux du couvent de Marianda
1611
Le four à chaux se situe une centaine de mètres après le couvent, le long de l’ancien sentier transformé en piste. Il est constitué d’un puits circulaire d’environ 3 mètres de diamètre et de 5 mètres de profondeur. Les murs sont construits en moellons de schiste. Il servait à cuire le calcaire et obtenir ainsi la chaux qui servait à faire le mortier qu’on retrouve dans les murs du couvent de Marianda. Le calcaire était présent sur la commune.
Maison de notable de la famille Cesari
19e siècle
La famille Cesari était propriétaire de beaucoup de maisons dans le village, ainsi que de terres dans les Agriates (les terres des Agriates étaient cultivées en blé par les farinolais, ils ramenaient les récoltes par bateau jusqu’à la Marine). Elle s’est aussi enrichie aux Amériques.
Moulin à farine dit de Ciucciaja
19e siècle
L’édifice de plan allongé n’est plus couvert et est envahi par la végétation. On voit deux baies et une porte surmontée d’un linteau bois et d’un arc de décharge. Sur la droite du bâtiment, on trouve un couloir étroit et très haut (environ 6 m) qui contenait la roue verticale du moulin. Au fond, en haut on trouve l’arrivée d’eau. Devant le moulin sont éparpillées quelques pièces en fonte de la machinerie. A l’intérieur de la pièce principale, on voit l’ouverture de l’axe de la roue verticale.
Moulin à farine dit Mulino Sottano
18e siècle
L’édifice se trouve sur les rives du ruisseau Ghiando, à environ 500 m du village.
On y trouve deux meules en calcaire. Puis on remarque la pièce qui renfermait la roue horizontale. Elle est couverte par une voûte en plein cintre qui s’ouvre sur la façade. Au fond de la pièce, on peut voir les arrivées d’eau, on trouve aussi le trou de l’axe sur la voûte. Un rucher se trouve au-dessus du bâtiment. Il était exploité en 1875 par Laurent Massimi. Il est décrit en ces termes: « Il est alimenté par un volume d’eau presque nul pendant l’été donnant pendant les autres mois de 50 à 60l/seconde. Chute de 5m. Une paire de meules mises en mouvement par un arbre à rouet. Force motrice de 3 à 4 chevaux-vapeur. Cage de l’usine de 20 m2. Bâtiment évalué à 600 francs, moteur et cours d’eau à 800 francs, outillage et meules à 500 francs. En 1887, il est en chômage. (AD de Corse-du-Sud, série 6M) ».
Remises agricoles dit pagliaghju Familles Poggi et Pancrazi
Farinole
19e siècle
On accède aux deux par des portes surmontées de linteau en bois et d’une dalle de schiste. Il servait de remise agricole, d’étable et de fenil. L’intérieur est remarquablement conservé. Un plancher sur poutres sépare les niveaux. Un trou rectangulaire dans le plancher servait à faire passer le foin en bas. L’étable du niveau bas possède encore son mobilier (mangeoires en bois…). Juste sous la voûte, un petit plancher fait office de séchoir. Les deux menuiseries des portes sont intéressantes, l’une possède une belle serrure. La voûte a été enduite de ciment.
Tour de Farinole
Monument Historique Classé – 1562
Edifiée en 1562 grâce à l’impôt, cette tour génoise dont la propriété est désormais privée servait à prévenir les habitants des dangers. On y allumait des feux pour donner l’alerte. Elle est visible des Tours de la Mortella, Negro et Ogliastro.
Elle a été en service jusqu’à la fin du 18e siècle et disposait de deux soldats et d’un chef de tour. C’est une tour circulaire à l’appareil de calcaire et relève de la typologie classique : trois niveaux (base aveugle, étage percé d’une porte et de baies, terrasse couronnée de mâchicoulis). La brèche côté ouest résulte d’une tentative de percement de porte à la base. Côté mer, les mâchicoulis se sont effondrés. Au pied de la Tour, on trouve les « Magazini » qui servaient de dépôts de marchandises (céréales, animaux, etc..) que les habitants transportaient de la plaine du Nebbiu/Agriate par bateaux (du golfe de St Florent à la Marine de Farinole).
A côté de la Tour qui le défendait également, un chantier de construction navale « U Scalu Vecchju », a permis la réalisation entre janvier et mars 1762 une demi-galère et à la fin de cette année 1762, le felucone « Il Terrore » navire de la flotte paoline.
Andreani Christian ; Machline Sarah, “entrepôts dits magazini,” Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses