La commune de Barbaggio. Elle s’étend sur une superficie de 11 km2 au pied de la Serra di Pigno qui culmine à 958 m et la sépare de l’agglomération bastiaise. En 2016, elle comptait 290 habitants, en augmentation de 22,36 % par rapport à 2011. Le Col de Teghime (536 m), sur la route D 81, constitue une porte d’entrée majestueuse de la commune et du Grand Site. Il permet de découvrir au loin le golfe de Saint Florent.
On pénètre sur la commune par les trois hameaux étagés de Piazze, Poggio, Gorgaccia qui constituent le bourg principal à 170 m d’altitude, autour de l’église San Marcellu.
Dans la plaine, on découvre une partie du vignoble de l’A.O.C Patrimonio (486 hectares) dont environ la moitié se trouve sur la commune. La présence de sources et de nombreux cours d’eau : Vaccareccia, Scarpione (frontaliers de Patrimonio), Natio, Lucitello, Brietta… ont favorisé depuis la préhistoire l’implantation humaine et les activités agricoles. Barbaggio ne possède pas comme la commune voisine de Patrimonio de façade maritime, elle est séparée du littoral de Patrimonio et de Saint Florent par les collines calcaires du Monte Sant’Angelo. Dans le prolongement de la plaine on trouve les communes de Poggio d’Oletta et d’Oletta sur laquelle les vignobles de l’A.O.C. Patrimonio sont développés.
Barbaggio – Barbaghju
Un peu d’histoire
La commune de Barbaggio est occupée par l’homme depuis la préhistoire.
Au lieu-dit Pelosella au pied du mont Sant’Angelo, sur un petit plateau gorgé de source, on trouve aussi une imposante dalle à cupules dénommée « U tavolinu di u vescu »» : la table de l’évêque, qui avait vraisemblablement une fonction cultuelle. Il s’agit de trous creusés à même la roche, parfois prolongés par des rigoles.
À la période médiévale, dans l’Evêché du Nebbio, la chapelle San Petru (11e siècle) est au cœur du territoire de l’ancienne Pieve de Patrimonio, elle en constituait d’ailleurs l’église principale. Un village ancien aurait été situé dans les environs.
Les seigneurs Loreto de Nebbio puis les Bagnaia au 13e siècle, fidèles à la Commune de Pise et enfin les Cortinchi au 14e siècle étaient implantés dans la région. Ces seigneurs possédaient une douzaine de tours entre le Nebbio, la Conca-d’Oro et les contreforts de la Serra di Pigno dominant Bastia. A la période génoise dès le 14e siècle, la région est une étape importante pour rejoindre depuis Bastia le préside de Calvi. Le 15 mai 1769 Marbeuf fait occuper Barbaggio et Patrimonio pour que les troupes du roi « eussent une communication libre entre Bastia et Saint Florent. La guerre de conquête Française au début du 18e siècle a été particulièrement marquée dans la Conca-d’Oro, les nombreux combats entre Patrimonio et Barbaggio en attestent, les représailles sanglantes ont aussi été la cause de la destruction de certaines maisons. Au début du 19e siècle on assiste au développement des routes impériales, dans la Conca-d’Oro, une route de charroi relie Bastia à Saint Florent en passant par le col de Teghime et arrive dans la plaine en serpentant sous les trois hameaux principaux de Barbaggio. (Piazze, Poggio, Gorgaccia).
Cette route qui mène à Saint Florent en passant par Barbaggio est devenue un axe touristique très prisé dès le 19e siècle et
abondamment documenté par des peintres, dessinateurs et pionniers de la photographie. Avec l’histoire tourmentée et les guerres, les vicissitudes d’« une économie de subsistance » s’imposent jusqu’au milieu du 19è siècle puis avec la paix se dessine une nouvelle économie.
On assiste aussi au développement de la viticulture dans la Conca-d’Oro au détriment des activités plus anciennes (céréales), on voit se constituer dans la région des domaines et des grandes propriétés..
(Sources : SIMI Pierre. Les aspects régionaux de la Corse: le Nebbio. In: Revue de géographie alpine. 1957, Tome 45 N°4. pp. 711-762. ; « La piévanie de Patrimonio » cahiers Corsica 180 . Bastia 1998 ; SCALFATI Silvio P.P, Le fragment d’un cartulaire médiéval de l’évêché corse de Nebbio. In mélanges de l’école française de Rome. Moyen Age, Temps modernes T.105.n°2.1993 pp 605-627 ; ISTRIA Daniel. Pouvoirs et fortifications dans le Nord de la Corse XIème XIVème siècle ; SILVANI Paul, En Corse au temps de Paoli. Albiana.)
À voir
Chapelle Saint-Pierre dite San Petru
11e puis 17e siècle
L’église San Pietro domine le chemin muletier qui mène de Barbaggio à la plaine. L’édifice présente un plan rectangulaire à abside semi-circulaire. Cette église présente des styles de maçonnerie très diverses, permettant de voir que les différentes phases de constructions se sont étalées sur plusieurs siècles. Elle était à l’origine une église baptismale, principalis de toute l’ancienne pieve de Patrimonio, En 1359 elle portait le nom de la plebania de Patrimonio. A 200 m se trouve un village protohistorique dont on peut penser qu’il a été habité jusqu’au Moyen-âge. A l’emplacement de celui-ci se trouve une ruine de maison tour (A Torra). Sur ces terres on cultivait notamment le cédrat sur des restanques.
Le monument aux morts du Col de Teghime
Le monument aux morts du Col de Teghime, célèbre la mémoire de la bataille éponyme qui a vu durant trois jours de combat acharné, souvent au corps à corps, tomber 49 soldats (les goumiers du 2° GTM) le 03 octobre 1943.
Le 4 octobre 1943, la Corse est le premier département français à être libéré.
Eglise paroissiale Saint-Marcel dite San Marcellu
16e siècle
En 1686, l’église San Marcellu possédait une confrérie de femmes du Saint Rosaire et un Oratoire Ste Croix auquel est annexée une confrérie vêtue de blanc. On y trouve le tableau « Saint-Jérôme dans le désert », vraisemblablement issu de l’ancienne collection Fesch et classé MH au titre d’objet.
Dans la sacristie on peut voir trois dalles funéraires jointes (deux en schiste avec inscriptions, une en marbre avec un motif de tête de mort) sous lesquelles serait enterré un évêque du Nebbio (selon la tradition orale). Sur la dalle centrale on peut lire la date MDLXXII (1572). Selon G. Moracchini-Mazel, certaines de ces dalles proviendraient de la citadelle de Saint Florent.
Moulin à farine (blé et châtaignes) de Molinaccio
18e siècle
Le moulin se trouve au bord du ruisseau de Quarcetto, il est construit en moellons de schiste grossièrement équarries. On entre par une ouverture surmontée à l’origine de deux linteaux monolithiques, l’un, à l’intérieur est toujours en place, l’autre gît à l’intérieur. Le rez-de-chaussée est couvert par une voûte en tas de charge dans laquelle sont fichées 3 poutres en bois. On y observe une ouverture zénitale recouverte d’une lauze, il y a aussi une petite baie sans menuiserie donnant sur la rivière. Il reste une meule de calcaire (environ 120 cm de diamètre et 15 cm d’épaisseur).
A l’étage inférieur, s’ouvre sur le mur côté rivière une voûte en plein cintre crépie à la chaux: c’est la salle des roues horizontales. On remarque dans celle-ci deux trous d’axes faisant penser qu’il y avait sûrement deux meules au-dessus, une pour le blé, l’autre pour les châtaignes. Au fond de la pièce, on voit l’arrivée de la conduite forcée qui devait rejoindre le bief de dérivation qui se trouve plus haut.
Remise agricole dite pagliaghju
Début du 19e siècle
L’édifice est un exemple type de ʺpagliaghjiʺ, petite remise agricole caractéristique de la région. Il se trouve sur un vignoble, au milieu du terrain. Il se compose d’un plan rectangulaire. La maçonnerie est en moellons de schiste et de calcaire. L’intérieur est couvert par une voûte en tas de charge sur laquelle se trouve de la terre et de la végétation. Sur l’élévation antérieure, on trouve une porte légèrement décentrée et une petite niche. Il pouvait servir de remise agricole. Un recensement du patrimoine industriel effectué en 1991 en compte 88 sur la commune.